Classées sans suite:
Les femmes victimes de violences face à la justice

Violaine De Filippis-Abate

Editions Payot
208 pages - 18€
Essai

En France, l’écrasante majorité des violences faites aux femmes reste impunie et ignorée : ce scandale doit cesser.

« Classée sans suite » : trois mots qui signifient qu’aucun procès ne se tiendra jamais. Aujourd’hui, seul 1 % des viols aboutissent à une condamnation et 80 % des plaintes des femmes pour violences dans le cadre conjugal sont classées sans suite par manque d’investigations. Le système judiciaire se montre donc incapable de garantir aux femmes, non pas seulement un procès équitable, mais un procès tout court – leur refusant la reconnaissance de leur statut de victimes et épargnant aux hommes leur statut d’agresseurs.
Si la parole des femmes s’est indiscutablement libérée ces dernières années, les oreilles de la justice sont quant à elles encore sourdes à leurs plaintes. Après un état des lieux édifiant du tunnel infernal que constitue le parcours des femmes victimes de violences, du dépôt de plainte jusqu’au classement, Violaine De Filippis-Abate propose une lecture systémique des blocages expliquant cette situation catastrophique – héritage d’une justice férocement patriarcale et d’un sexisme fermement ancré dans notre culture –, ainsi que des pistes d’amélioration à mettre en œuvre urgemment pour lutter contre la maltraitance physique, psychologique et judiciaire des femmes dans notre pays – pour qu’enfin, justice soit faite.

Mon avis sur “Classées sans suite”

L’avocate et porte-parole d’Osez le féminisme, Violaine de Filippis-Abate, a écrit « Classées sans suite» pour nous faire découvrir les coulisses de la justice, lorsque les victimes de violences osent lancer une procédure.

Tout d’abord, elle donne la parole aux femmes en citant des extraits de leur expérience sur la prise de plaintes au commissariat. Entre le manque de confidentialité, les policiers qui demandent aux victimes de prouver leur moralité ou encore lorsqu’ils leur proposent de revenir plus tard, l’auteure retranscrit les propos en gardant son œil d’avocate et féministe pour expliquer les impacts psychologiques que ces actes peuvent avoir sur les femmes.

Puis elle aborde le manque d’investigation lors de l’enquête, ainsi que l’interminable attente pour les victime. Par la suite, elle retrace le sexisme à travers les âges qui est maintenu encore aujourd’hui par notre culture, y compris à l’école.

J’ai vraiment aimé ce livre car j’ai découvert un monde et des parcours que je ne connaissais pas. L’avocate donne des conseils juridiques tout au long du livre et propose quatre axes d’amélioration pour mieux accompagner les victimes : informer les plaignantes des prochaines étapes, rendre l’assistance juridique gratuite dès le dépôt de plainte, proposer une liste d’investigation obligatoire comme la perquisition du téléphone et l’audition des proches et sanctionner les policiers, qui essayeraient de dissuader une victime de porter plainte, par exemple.

Malgré tout j’aurai aimé qu’elle parle aussi des expériences de femme qui se sont déroulées correctement et également des avancées récentes en matière de protection de femmes. En tout cas, c’est un livre que je recommande à tous, en particulier aux hommes, pour que nous ayons tous des connaissances minimales sur les difficultés des femmes victimes de violences face à la justice.