Mon avis sur “La broyeuse”

Dans son nouvel essai, Chloé Morin a interrogé une trentaine de professionnels de l’information pour discuter de la place des médias dans notre société. Elle aborde la dérive metoo, la place des réseaux sociaux et l’adaptation des grandes chaines à ce nouveau média, elle montre la pression que reçoivent les journalistes pour produire une information toujours plus rapide à moindres frais et l’entre-soi qui empêche chacun de sortir de cet engrenage. Elle revient sur l’interdépendance entre politiques et journalistes ainsi que l’effet que les milliardaires propriétaires de ces journaux ont sur la liberté d’expression de leur employé. Cet essai parcourt de A à Z tous les points qui peuvent toucher les médias.

J’aurais imaginé, comme beaucoup je crois, qu’elle reviendrait sur l’affaire médiatique de son conjoint Jean-François Achilli pour lequel elle a fait la tournée des médias en mars dernier afin de donner leur vérité sur la situation et c’est vrai que l’arrivée si rapide de cet essai sonnait comme un plaidoyer et finalement non. Elle n’aborde pas ce sujet spécifiquement et donne une vue globale des problèmes de ce secteur sans aborder ni de près ni de loin son histoire personnelle.

C’est vrai que je trouve que l’essai manque de nouveautés. L’auteure met en lumière des biais du monde médiatique, mais n’apporte pas de révélations fracassantes. En revanche, ce que j’ai particulièrement aimé, ce sont les interviews des différents visages de nos médias français, même si certains témoignages, ceux qui sont anonymes, auraient pu apporter encore plus de détails des coulisses. Mais pas peur de représailles, ils s’arrêtent sur quelques anecdotes significatives.

Enfin Chloé Morin remet le spectateur ou lecteur au centre de la machine médiatique pour nous rappeler que les médias se sont adaptés à un public, à des attentes des citoyens, aux demandes des consommateurs de médias ! Après nous avoir dit dans un essai best-seller que nous avions les politiques qu’on mérite, elle se demande aujourd’hui si nous n’avons pas aussi les médias qu’on mérite !