L’autre Amérique

Judith Perrignon

Editions Grasset - France Culture
240 pages - 20€
Politique américaines, histoire, seconde guerre mondiale, antisémitisme

On imagine parfois ce qu’auraient été les Etats-Unis sans le 32ème président Franklin Delano Roosevelt : un pays sans droits sociaux. Le monde, lui, ne connaîtrait pas les Nations Unies et l’Allemagne nazie aurait peut-être gagné la Seconde Guerre mondiale. De la crise financière de 1929 jusqu’à sa mort au lendemain de la guerre, Roosevelt a changé la trajectoire des Etats-Unis et du monde. Comme un miroir, ces pages vertigineuses et passionnantes nous révèlent l’autre visage d’une Amérique perdue, et nous racontent une histoire exceptionnelle – portée par l’amour entre Franklin et Eleanor ; et par l’amitié entre Roosevelt et son bras droit.

Mon avis sur “L’autre Amérique”

En passant dans les rayons de ma librairie, je suis tombée sur l’Autre Amérique avec ce sous-titre qui m’intéressait particulièrement « Quand Roosevelt défiait le capitalisme aux États-Unis ». Alors j’ai commencé la lecture et je me suis rendue compte à un tiers du livre environ que la partie projet politique était plus l’intrigue secondaire, car pour moi ce livre aborde surtout les réactions de Roosevelt avant la Seconde Guerre mondiale et pendant. L’auteure Judith Perrignon a décrypté des passages du journal intime d’Henry Morgenthau, l’ami et ministre des Finances de Roosevelt en expliquant le contexte de ses extraits choisis. Chaque passage est un tête-à-tête qu’Henry Morgenthau a eu avec Roosevelt et il décrit ses impressions, les dialogues et ce qu’il imagine par la suite.

Alors oui, au début du livre nous sommes en 1933, quatre ans après la crise de 1929, et l’arrivée de Roosevelt change les relations que la Maison-Blanche a avec les grandes fortunes du pays. Lui-même issu de ce monde des ultrariches, il est vu comme un traitre par ses pairs en proposant des lois augmentant les taxes des plus riches et protégeant de plus en plus les travailleurs ouvriers.

Mais ce qui m’a paru le plus intéressant dans cet ouvrage ce sont tous les passages relatifs à la Seconde Guerre mondiale, les choix des Américains de se retrancher dans l’isolationnisme, les impressions d’Henry Morgenthau, premier juif membre du gouvernement dans une Amérique très antisémite, et les suppositions que le président pouvait partager avant 1939 sur ce qu’Hitler allait faire.

L’autre point qui m’a particulièrement marqué, c’est qu’on peut lire que dès 1939 la question de trouver une terre d’accueil pour les réfugiés juifs s’est posée. L’Alaska a été envisagé, mais un Rabbin de New York et interlocuteur de Roosevelt demandait à ce que les juifs puissent rejoindre la Palestine. On apprend aussi que les Américains étaient tellement antisémites que rien ne fuitait sur le sort qui était réservé aux juifs, car le gouvernement avait eu peur que ce motif ne démobilise les Américains pour lutter contre le nazisme. Enfin j’ai bien aimé les passages sur Eléonore Roosevelt et l’amélioration des droits des Noirs. Je suis sûre que j’oublie encore d’autres sujets abordés, mais cet essai est vraiment très riche.

Cet ouvrage est un parfait rappel historique de la Seconde Guerre mondiale, une découverte du grand Roosevelt et pour toute la partie lien avec le capitalisme, certaines notions sont, je pense, pas connues du grand public. Je vous recommande donc de regarder la série Arte « Capitalisme américain, le culte de la richesse » pour avoir les notions de base sur ce sujet. Mais vraiment c’est un livre que je recommande.