Le mépris
François Dubet
Editions du Seuil - Collection La Républiques des idées
128 pages - 12,90 €
Sociologie
Pas une grève, pas une mobilisation, pas un sondage qui ne dénonce le « mépris » des dirigeants ou des élites. Ce sentiment existe chez les plus discriminés, mais pas seulement. Des enseignants aux Gilets jaunes, des groupes entiers se sentent dédaignés, ignorés, regardés de haut. Pour comprendre cette émotion collective, on doit faire appel à une sociologie générale : épuisement de la société industrielle et de ses rapports de classes, violence de la mondialisation, essor des nouvelles technologies, mutation de la subjectivité qui exhorte l’individu à être responsable de son destin. Lorsque les citoyens se disent méprisés par le « système », la démocratie est menacée par le ressentiment et la dénonciation de « coupables ». Comment trouver à cette colère d’autres expressions culturelles et politiques ?
Mon avis sur “Le mépris”
L’auteur, François Dubet aborde le sujet du mépris sous toutes ses formes, le mépris de classe, le mépris lié à des discriminations, le mépris individuel, que chacun peut avoir vécu de personne à personne et le mépris collectif lié à l’administration, aux lois et aux dirigeants politiques.
Sur le mépris de classe, l’auteur développe la création de ces groupes sociaux qui cherchent à se séparer d’une classe dite inférieure, effet qu’on peut voir dans la mode, dans les types de sport ou dans la littérature. Le mépris individuel, lui, constitue une somme d’expériences vécues où un individu nous a fait ressentir sa supériorité. Ses mépris engendrent souvent chez les personnes, un mépris de la classe inférieure ou de la discrimination supplémentaire et divise notre société jusqu’à la fameuse archipélisation de la France.
Le mépris est d’autant plus présent aujourd’hui où la société se dit égalitaire. Elle fait croire à chacun que la réussite est possible et que l’échec sera de sa seule responsabilité. Ce sentiment est parfois si intégré par les individus qui en sont victimes, qu’ils commencent à se mépriser eux-mêmes ou, lors d’un transfuge de classe, à mépriser le groupe social dont ils sont issus. Dans cette nouvelle société de l’illusion de l’égalité des chances, on tend à croire que les gens méritent ce qu’ils obtiennent et obtiennent ce qu’ils méritent.
Le mépris collectif lui est ressenti par ceux qui voient le monde changer, mais ont l’impression d’être les grands perdants de cette transformation, ceux qui voient le train passer et n’ont pas l’opportunité de monter dedans. Ce mépris collectif mène à un ressentiment qui se dévoile lors de crises que ce soit les Gilets jaunes ou les émeutes, et par le vote des extrêmes.
Et sur le même sujet, je vous recommande également les ouvrages Reste à ta place de Sébastien Le Fol, Les sentiments contre la démocratie d’Eva Illouz et La France d’après de Jérôme Fourquet.