Le ghetto scolaire
Najat Vallaud-Belkacem
François Dubet
Seuil
144 pages - 12,90€
Education
Depuis vingt ans, les enquêtes internationales se succèdent : notre système éducatif est de ceux où les parcours scolaires sont le plus fortement déterminés par le milieu social. La France a laissé se développer des établissements-ghettos où l’on ne se mélange plus, où l’on empêche les enfants d’apprendre les uns des autres et les uns avec les autres. Parce que la ségrégation est devenue le fléau de l’école, nous avons besoin d’une révolution de la mixité. Preuves à l’appui, fort des expériences réussies, ce livre démontre que cette révolution est possible, à peu de frais et avec des résultats tangibles. Il est urgent de réinventer l’école contre les séparatismes sociaux qui la détruisent.
Mon avis sur Le ghetto scolaire
Dans cet essai, Najat Vallaud-Belkacem et François Dubet proposent de comprendre la situation actuelle de la ségrégation sociale dans le système scolaire, en particulier dans les collèges, et tentent de nous apporter des pistes d’amélioration.
L’essai est assez difficile à lire car les deux auteurs enchaînent les comparaisons de chiffres, mais on retient facilement les conclusions. Ils nous démontrent la nécessité de retravailler la carte scolaire, qui est le plan d’affectation des collégiens en fonction de leur domicile, en mettant en avant la hausse des résultats des élèves en difficulté, le maintien des résultats des bons élèves ainsi qu’un meilleur sentiment d’appartenance à la République, afin de limiter le ressentiment que tous ces laissés-pour-compte pourraient avoir par la suite.
Au-delà des chiffres qui renforcent l’idée de limiter la ségrégation sociale dès le collège, les auteurs abordent le sentiment de hiérarchie intériorisée des classes sociales et l’autocensure : 60% des enfants de familles favorisées, qui ont obtenu entre 8 et 10 au brevet, demandent une seconde générale contre seulement 30% des enfants d’ouvriers. Ils montrent aussi que ce sentiment d’inégalité est plus fort encore au sein des familles issues de l’immigration, car le taux d’évitement, c’est-à-dire le fait de résister à l’affectation dans un collège difficile par la voie du collège privé et de la demande de dérogation, est bien plus fort chez les habitants de familles présentes depuis longtemps sur le territoire, que chez les familles issues de l’immigraion.
Malgré tout, les auteurs reconnaissent que la modification de la carte scolaire ne serait pas la solution miracle aux enjeux de l’Education nationale, il faut également agir sur les problèmes de mobilité et de formation continue des enseignants. Ils mettent aussi en avant que le problème persistera tant que la carte scolaire sera à la main d’élus qui, par pression électorale, ne feront pas les changements nécessaires pour une meilleure mixité dans les établissements.
Je vous recommande cet essai si vous souhaitez aborder les questions d’inégalité à l’école. Si vous souhaitez élargir la question, je vous recommande également l’essai de Xavier Jaravel, Marie Curie habite dans le Morbihan, qui lui aborde les questions d’inégalité des chances et d’accès aux formations à l’échelle nationale et non à l’échelle locale. >Ma critique à lire ici.
Najat Vallaud-Belkacem est ancienne ministre de l’Education nationale.
François Dubet est professeur en sociologie.